Run ! Run ! [Privé]

C'était la course. Lothar avait toujours été doué pour courir même s'il ne se déplaçait certainement pas aussi vite que Viveka. En conséquence de quoi il devait prendre une position aérodynamique et mettre de l'intensité sur son visage pour palier à ce petit problème de déplacement instantané. Le voilà donc qui courrait dans les rues tel le personnage principal d'un film d'action qui doit à tout prix atteindre le building en flammes avant que les pauvres gens à l'intérieur ne se consument sur place. Où allait-il ? Qu'avait-il à l'esprit ? Les bourgeois d'Elementis le regardait passer devant chez eux en ayant encore leur café du matin à la main, persuadés que Lothar avait une excellente raison de créer cette bourrasque sur son passage qui décrochait le linge du rebord des balcons. Ils se disaient qu'il devait, par exemple, se rendre à la base militaire pour rencontrer un haut-dirigeant ou encore qu'un monstre sanguinaire se baladait dans les égouts du village.

Mais pourquoi diable Lothar courrait-il en direction du centre de la cité ? La raison de cette course se définissait petit à petit alors qu'on portait plus attention à lui : son costume éternel collé sur son corps aux muscles généreux semblait avoir été enfilé par une personne pressée dans le temps. Ses cheveux d'ordinaire impeccables étaient sillonnés de petites mèches rebelles. Bien que Lothar était affublé de son éternel sourire étincelant il fronçait les sourcils comme s'il était préoccupé. Enfin, un sac en papier contenant quelque chose était coincé au creux de sa main droite.

─ J'y suis presque ! s'exclama-t-il tandis qu'il atteignait enfin la Genesis Academy.
Elle était magnifique, creusée dans cet arbre millénaire, illuminée par les cris et les rires des enfants.
Alors que Lothar reprenait rapidement son souffle il sourit à nouveau et rit même de bonheur à l'idée d'être arrivé à temps. À temps pour quoi ? Il se dirigea de façon immédiate vers la cour arrière et se cacha même au coin de l'un des murs du bâtiment pour échapper aux regards intéressés des élèves installés dehors pour l'heure libre du matin. Il faisait beau et chaud ce jour-là. Lothar examina les parages ─ ses deux mèches blondes dépassant du muret comme si un lapin s'y était caché.

C'est là qu'il constata la présence de la statue. Cette statue qu'il avait commandée et qui représentait la trinité : son frère et sa soeur ainsi que lui taillés dans la pierre au beau milieu du parc de l'école. Lothar, qui avait posé son sac sur le sol, se frotta les mains en semblant être envahit de joie.

─ Magnifique, magnifique.
Pourtant, un élève passant par hasard par là, découvrant l'estimé directeur de la maison Lothar caché de façon « creepy » au coin d'un bâtiment de l'école ─ se frottant les mains avec ce petit rire feutré, les yeux brillants et vêtu d'un costume qui, en règle général, se démarquait par son statut impeccable ─ se serait certainement dit que c'était vraiment la pire scène à laquelle assister en cette belle matinée ...

─ Dee, tu vas être en retard !
─ Mais noooon !!!

C'était toujours ainsi dans la famille Miller. Si Abaddon était du type lève tôt, Dee c'était le contraire de son grand-frère. Être emmitouflé dans les couvertures, bien au chaud, tel un rouleau de printemps, c'était juste trop confortable. Hors de question de sortir du lit avant que la chambre soit tiède et cela n'était possible que si Lux avait penser dès le matin en ce levant de mettre un peu de chauffage dans la chambre de son fils (ce que maman/papa Lux pensait à faire).

Après, il y avait la coiffure puis les vêtements à mettre, mais de ce côté là, Dee n'avait pas la maladie de son cousin et pas besoin d'être une carte de mode pour avoir du style. Au final, le jeune homme descendit en s'approchant de la cuisine, prenant un muffin et son sac contenant son déjeuné avant d'embrasser son père et de marcher vers la porte.

─ Dee, apporte ça à Bad, il est parti trop tôt ce matin et il l'a oublié sur le comptoir.
─ Haaai haiiii ! Dit-il en revenant vers Lux, prenant la boîte à Lunch de son frère et quitta la maison.

La journée était magnifique, Dee appréciait de mettre les pieds - nues - dehors dès le matin, marchant vers l'académie sans avoir le soucis à savoir s'il sera en retard ou pas. En soi, Lux en faisait toujours un peu trop et le gamin se retrouvait toujours une heure à l'avance devant l'école, mais aujourd'hui ce ne fut pas le cas et cela lui permit de voir quelque chose, qu'il n'aurait jamais cru voir dans sa vie. Tandis qu'il attendait pour traverser un intersection, le jeune homme ouvrit de grand yeux en voyant une flèche bleu et jaune le dépasser à une vitesse incroyable. Durant un moment, Dee resta surpris en tenant les deux boites à lunch plus solidement. Ses cheveux avait fouetté le vent sous cette bourrasque créer par cet chose courant trop vite.

Dans l'amusement, Dee décida donc de courir également afin de voir qui était cette flèche et surtout pourquoi elle courait aussi rapidement. Ce n'est qu'une fois près de l'école, que le jeune homme retrouva son souffle, mis à mal parce qu'il avait du courir plus vite que la normal, il s'approcha du muret et s'arrêta net. Était-ce tout simplement possible ou même crédible que la flèche de tout à l'heure soit : Lothar ? Dee pencha la tête vers la droite en s'approchant un peu plus, puis dans un sourire espiègle, les mains derrière le dos, il se pencha en cherchant ce que pouvait bien espionner l'homme.

─ Est-ce que vous cherchez les filles en maillot de bains ?

Lothar appréciait toujours la vue lorsque, tout à coup, une voix mélodieuse lui vint aux oreilles. Il sentit une présence près de lui et se sentit dans l'obligation de jeter un regard par-dessus son épaule. C'est tandis qu'il reconnaissait le jeune Dee appartenant d'ailleurs à sa maison que le garçon en question lui posa une étrange question.

─ Pardon ? lâcha-t-il de sa voix particulière, le ton pesé par une grande interrogation.

Lothar s'empressa de jeter des regards à droite, à gauche, afin de repérer les filles en maillot de bain, mais il n'en constatait la présence nul part. De ce fait, il s'empressa de reporter son attention sur son élève, légèrement perplexe.

─ Quelqu'un est venu en maillot de bain ? C'est vrai qu'il fait chaud aujourd'hui ...

L'homme se tenait le menton. En vérité, il était en train de réfléchir : est-ce que Viveka et Hebimaru trouveraient déplacé qu'il vienne enseigner à l'académie en maillot de bain ? Il n'eut pas besoin de ruminer la question longtemps pour connaître la réponse. Il ne valait mieux pas essayer. Enfin ! Comme Dee était présent à ses côtés l'homme en profita pour s'illuminer de joie.

─ Bon matin, Dee ! Je suis content de te voir. Tu as l'air en forme. Tiens, as-tu vu les statues que j'ai commandé ? demanda-t-il en prenant déjà la main délicate du jeune homme pour l'emmener dans le parc. Lothar s'arrêta alors près de la statue à son effigie et prit la même pose que celle-ci.

─ Pas mal, hein ?
Une brise soufflait dans ses cheveux style bande-annonce de Superman.

Lothar n'avait pas compris la question et c'était visible sur son visage, ce qui amusa beaucoup Dee. Un sourire apparut sur ses lèvres alors qu'il redressait un peu le corp en attendant une réponse de l'homme, mais cette réponse ne vint jamais et au contraire, Lothar semblait croire qu'il y avait réellement des filles en maillot de bain autour d'eux. Certes, c'était une journée qui s'annonçait chaude et agréable, mais ce n'était surement pas permit de venir en bikini et bermuda a l'académie.

Dès que l'homme lui hurla un 'bon matin' bien sentit, Dee se contenta de sourire d'avantage en le regardant avec cette lueur rieuse dans le regard.

─ Bon matin, Monsieur le Dieu du courage ! Dit-il avec un doux sourire alors qu'il tenait toujours les deux boîtes à lunch dans ses mains. Main qui se fit kidnappé par une main plus forte et puissante, main qui se fit tirer vers un lieu différent et assez surprenant.

Dee réalisa finalement ce pourquoi Lothar courait quelques minutes plus tôt et il réalisa qu'il ne fut pas le seul sous le choc. En ce moment même, plusieurs étudiants observaient les statues avec stupeur. Était-ce réellement nécessaire ? Dee cligna des yeux un moment en penchant la tête vers la droite, observant les trois statues qui avait fier allure, mais qui franchement...

─ Monsieur Hebimaru fait peur... Viveka semble avoir une plus forte poitrine ... Et vous monsieur Lothar ... Débuta Dee en baissant les yeux vers l'entre-jambe de l'homme. Je pense que le sculpteur voulait être dans vos bonnes grâces... ou c'est le costume qui rend trop bien justice à votre virilité.

En disant cela, Dee tourna la tête vers l'homme en lui faisant un franc et sincère sourire.

─ Ils sont bizarre les statues au final.

Les visages stupéfaits des étudiants furent interprétés par Lothar comme étant de simples réactions de béatitude face aux statues. Lothar souriait de toutes ses dents blanches en étant toujours positionné de sorte à imiter la pose de la statue à son effigie. Malgré tout, Lothar trouvait que Dee tirait une drôle de tête, et c'est donc là qu'il lança un simple :

─ Elles ne te plaisent pas ?

Le jeune homme à la crinière verte lui dévoila alors son opinion sur les statues de façon totalement honnête : Hebimaru faisait peur ? Viveka possédait une poitrine plus volumineuse qu'à son habitude ? À chaque fois que Dee ajoutait un commentaire Lothar s'empressait de jeter un coup d'oeil à la statue concernée en ayant la bouche entrouverte. Sa tête faisait pratiquement le même mouvement qu'une porte battante et la situation n'alla pas en s'améliorant lorsque Dee complimenta sa virilité.

─ Ha ha. Je lui ai pourtant fournis les bonnes proportions !
Il s'était même affairé à entrer par effraction dans la chambre de sa soeur et dans celle de son frère durant leur sommeil afin de prendre des notes à l'aide d'un ruban à mesurer. À n'en pas douter, cela s'était avéré être toute une épreuve ! Lothar reporta finalement son attention sur son élève, se disant qu'il avait terminé sa critique, mais voilà qu'il concluait sur un commentaire tout ce qu'il y a de plus clair.

─ Bizarres ?

Était-elles si bizarres ? Les visages incertains des élèves lui parurent soudain plus évidemment que jamais. Lothar perdit alors l'énergie qui tenait ses genoux en place et s'effondra sur l'herbe en cognant le sol de son poing.

─ Mon argent de poche ... ! Je suis fichu ! se lamenta-t-il, honteux de s'être fait berner par un simple artisan sculpteur.
Tiens donc. Alors qu'il fixait le gazon, il remarqua également les orteils de Dee qui se retrouvaient sous son nez. Lothar leva alors la tête et se leva d'un bond en posant sa main contre l'épaule de Dee.
─ Tu devrais penser à mettre des chaussettes, Dee.

Il pivota sur lui-même d'une expression sérieuse.
Puis, sans plus tarder, il donna un coup de poing dans sa statue, celle-ci se désintégrant sous l'onde de choc, et emportant avec elle deux arbres qui craquèrent tel un coup de fouet en faisant hurler deux étudiantes en train de lire pas très loin de ceux-ci. Dès que Lothar constata les dégâts (et la moitié de son buste de pierre flottant dans l'étang en diagonale) alors il se mit à se frotter l'arrière du crâne en paraissant légèrement embarrassé.

─ Ha ha ! Pardon ! hurla-t-il en s'adressant aux étudiantes. Il m'arrive encore de ne pas tout à fait contrôler ma force, confia-t-il à Dee d'un chuchotement.

Ce n'était pas une question de plaire ou non. Lothar posait une question et Dee répondait simplement avec sa franchise habituel, sans réellement prendre conscience que ses paroles pouvaient être difficile à prendre ou encore blessante. Dee avait toujours eut cette manière de faire et ce, depuis qu'il avait entendu son papa (Ephraim) dire à Lux qu'il détestait les gens qui mentait, les hypocrites qui ne disaient jamais ce qu'ils pensaient réellement. Depuis ce jour, ayant peur que son père ne l'aime plus, Dee c'est mis en tête de toujours dire franchement les choses et bien entendu, cela ne passe pas toujours aux conseils de l'humain.

Alors que Dee demeurait silencieux en écoutant et observant les réactions faciale de son responsable de clan, il restait silencieux et calme, comme s'il cherchait à voir ce que Lothar avait compris ou pas, puisque tout à l'heure il n'avait rien saisit de la question.

L'expression calme, Dee baissa les yeux en voyant l'homme s'effondrer sur le sol, martelant celui-ci de son poing en semblant dépité de la vie. Était-il réellement déçu ?

─ Hm... Vous pourriez toujours lui rendre ses statues ? Demanda-t-il en semblant pensif, reportant son attention sur ceux-ci en les trouvant toujours aussi bizarre.

En fait, c'était surtout le fait de voir les trois dieux en version géant dans la cours de l'école, qui faisait étrange. Comme si les trinités avaient cette envie d'être visible de tous. Alors qu'il était perdu dans ses pensées, Dee sursauta lorsque l'énorme main de Lothar se posa sur son épaule et qu'il lui fit savoir qu'il devrait songer à porter des chaussures.

─ Pourquoi faire ?

Oui, pourquoi?

─ J'aime pas quand mes pieds sont coincés dans des chaussures ! Je me sens pas bien et en plus, c'est pas vraiment confortable ! C'est beaucoup plus fun de sentir l'herbe qui chatouille mes orteils ! Vous devriez essayer !

En disant cela, il offrit un sourire sincère à l'homme et le regarda détruire - carrément, la statuette à son effigie. Dee en resta surpris, les yeux grands ouverte et les cheveux volant dans le sens du vent, alors qu'il s'approcha de Lothar en observant les filles qui lançaient des regards sombre au blond.

─ Elles ne vous aimerons plus ... en plus elles sont du clan de Hebimaru. Dit-il pensif, alors qu'il relevait les yeux vers Lothar en l'écoutant murmurer. C'est vrai ? Vous ne contrôler pas vraiment votre don ? C'est pas un peu bête pour un dieu ?

Pourquoi devrait-il porter des chaussettes ou des chaussures ? C'était une bonne question. Du moins, le visage de Lothar exprimait ce même questionnement intérieur, et alors qu'il réfléchissait à ce qu'il pourrait bien offrir comme réponse, Dee justifia la raison qui expliquait l'état de ses pieds.

─ Oh ? Vraiment ? C'est si bien ? demanda-t-il, presque innocemment, avant de retirer ses chaussures et ses chaussettes pour se mettre à marcher sur l'herbe. À la base, il eut simplement l'air pensif, et plus il se baladait, plus il semblait apprécier cette sensation de liberté.
─ J'avoue, c'est sympa. Très bien. Restes pieds nus ! s'exclama-t-il avec un très ─ trop ─ grand enthousiasme. Comme il était désormais incapable de faire autrement que de sentir peser les regards de jugement des élèves sur lui alors le dieu finit par lâcher un soupir.

Lothar semblait ne pas apprécier l'idée que des élèves ne l'apprécient pas, mais il était très bien placé pour savoir que l'on ne peut pas plaire à tout le monde. Sur cette pensée, il accorda toute son attention à Dee qui lui faisait remarquer qu'il semblait un peu bête à ne pas savoir contrôler totalement son don alors qu'il était un dieu. Lothar réfléchit un peu avant de lui répondre :

─ Hé bien. Je sais maîtriser mes facultés. Cela dit, me retrouver dans ce village, c'est un peu comme tenter de disposer des meubles dans une maison de poupée avec d'aussi grandes mains que les miennes. Il est clair que parfois des choses tombent par inadvertance.

Lothar adressa à Dee son plus beau sourire et retourna auprès du mur qu'il avait quitté afin de récupérer le sac de papier brun qu'il avait emporté avec lui. Il revint ensuite auprès de son étudiant et ouvrit le sac. À l'intérieur, il y avait une petite figurine en bois à son effigie, et celle-ci était de qualité.
─ Tiens, c'est pour toi. Je pense que je vais éviter les statues et les produits dérivés. J'ai eu ma leçon ! Ha ha !

Dee hériterait donc de la seule figurine de Lothar que celui-ci avait fait fabriquer.

Dee était content qu'un adulte - autre que son père Ephraim, comprenne l'importance et l'effet agréable d'être pieds nus dans l'herbe ou même sur le sol de terre. C'était une sensation terriblement plaisante et puis, c'était beaucoup plus pratique afin de connecter avec la nature. Alors de voir Lothar qui retirait ses chaussettes et ses chaussures pour savoir l'effet que cela pouvait faire, amusa Dee qui rigola derrière sa main, observant l'homme avec attention.

Dès qu'il déclara rester pieds nus, alors Dee sembla plus fier en acquiesçant parce que c'était sympa. Par la suite, il écouta les paroles de Lothar en comprenant mieux ce pourquoi il avait du mal à contrôler sa faculté. En fait, c'était normal en un sens puisqu'un dieu qui devait vivre dans une communauté aussi restrint, n'avait plus les mêmes droit qu'avant, m'enfin c'était ce qu'il pensait. Peut-être se trompait-il ? Cela dit, il trouvait intéressant les paroles de Lothar, puisqu'il restait silencieux et attentif.

─ J'aime quand vous parlez, vous avez une voix agréable et je comprends toujours mieux ce que vous dites ! Dit-il avec un sourire des plus charmant et sincère.

Dee aimait quand les gens expliquaient sans prendre de détour ou des mots trop complexe, c'était plus simple et beaucoup plus agréable à écouter. D'ailleurs en ce moment il avait l'impression d'être dans l'un des cours de maîtrise de l'homme et c'était surement pour cette raison qu'il adorait le cours que donnait l'homme en face de lui.

─ C'est quoi ? Demanda-t-il en prenant la figurine, voyant celle-ci beaucoup mieux et réalisant que... Oh ! Celle-là est beaucoup plus belle que les statues !

C'était comme les figurines que son frère collectionnait - parce que oui, Abaddon avait des secrets -. Il tenait maintenant deux boîtes à lunch d'une main et la figurine de l'autre, souriant et heureux de l'avoir quoi.

─ Merci beaucoup, je vais la mettre sur ma tête de lit, comme ça vous serez toujours là ! Au fait, monsieur Lothar... Est-ce que vous allez faire un cours bientôt ?

C'était une petite demande, mais Dee avait encore beaucoup de mal avec sa faculté et les cours de maîtrise l'aidait énormément à mieux comprendre l'essence même de l'énergie d'où provenait les dons de chacun, alors un cours serait apprécier avant de faire une mission ou un cours de combat, mais cela ne dépendait que de Lothar.

Le compliment de Dee, de toute évidence, avait fait son effet : Lothar sembla un instant perdu dans un océan de guimauves jusqu'à ce qu'il daigne enfin reporter son attention sur Dee, les bras ouverts, prêt à lui offrir l'un de ses câlins reconnus mondialement.

─ Viens là, bonhomme ! lança-t-il d'une voix émue, toujours les bras grands ouverts, alors que son sac de papier prenait le vent et s'en allait valdinguer entre les arbres plus loin. Il ne s'en rendit pas compte, trop occupé par la suite à écouter Dee lui faire remarquer que la figurine était bien plus belle que les statues.
─ Tu trouves ? demanda-t-il, étonné, avant d'éclater de rire. Hé bien, tant mieux !

Le fait que Dee lui confie vouloir ranger cette figurine près de son lit sembla ravir davantage Lothar. Celui-ci en profita aussi pour sortir de nulpart un peigne avec lequel il replaça ses cheveux blonds éclatants de sorte à ce qu'aucune mèche rebelle ne subsiste. Il jeta un regard en coin à son élève tandis que celui-ci lui demandait s'il allait faire un cours bientôt. Excellente question, tiens.

─ Hummm. Sans doute dans le courant de la semaine. Pourquoi donc ?
Lothar semblait sincèrement curieux. Il s'assit sur le sol près de sa statue mutilée et de celles de son frère et de sa soeur comme si, avec Dee, il allait participer à un quelconque pique-nique. C'est qu'il restait encore de longues minutes avant que la cloche de début de cours ne sonne. Lothar pouvait bien se permettre de glander un peu.

Un câlin ? Dee eut un large sourire en s'approchant de l'homme sans aucune hésitation. S'il y avait bien quelque chose que Dee aimait encore plus que ses parents et son frère, c'était les câlins. Une fois dans les bras de Lothar, lui arrivant un peu au-dessus du nombril - exagération -, le jeune homme releva la tête en posant le menton contre le torse de l'homme en acquiesçant.

─ Hai ! Dit-il avec énergie et un charmant sourire. En tout cas, moi je la trouve beaucoup plus belle que la statue... surtout actuellement ...

C'était une petite taquinerie, simplement parce que la statue de Lothar n'avait plus de tête au moment où ils se parlaient. Après un moment, il se recula et baissa les yeux en suivant son professeur qui s'installait près de la statue et donc sur le sol. Une écoute attentive afin de savoir si un cours aurait lieu ou pas. Une réponse un peu vague alors que Dee gonfla un moment les joues.

─ J'espère vraiment que vous allez en faire un, parce que ... je ne suis pas encore assez doué pour les cours de combat ...

Et la rumeur voulait qu'un cours dans le genre se préparait pour certains étudiants. Alors si jamais Dee tombait sur un cours sans avoir eut de la pratique avant, il craignait pour ses coéquipiers. Cela dit, il était tout de même rassuré de savoir qu'un cours serait possible dans le courant de la semaine, ce qui le fit sourire de nouveau.

─ Super alors ! Je vais vous apportez des gâteaux si jamais vous faites un cours ! ...

Il eut une idée et cela l'amusa seul, rigolant un moment derrière sa main.

Certes, tout avait l'air beaucoup plus beau que sa statue décapitée, c'était une fait que Lothar ne pouvait démentir. L'homme fut content de voir que Dee acceptait son étreinte sans la moindre moue. C'est maintenant que le dieu était assit au sol qu'il en profita pour écouter Dee lui parler des cours de combat et des difficultés qu'il subissait.

─ Ne t'en fais pas. C'est avec la pratique que l'on devient meilleur. Personne n'est un prodige à la naissance. Et même si c'était le cas je peux te garantir que personne n'est plus malin que la Vie avec un grand V.
Lothar semblait sincère et, bien qu'il souriait, son ton de voix était un peu plus sérieux qu'à la normale. Ces conseils prodigués à Dee avaient donc un peu plus de valeur que les phrases qu'il avait l'habitude de prononcer comme des maximes à tout bout de champ.

Comme Dee venait de lui dire qu'il allait lui apporter des gâteaux la prochaine fois qu'il ferait un cours alors Lothar n'eut d'autre choix que de capituler.
─ Je suis d'autant plus convaincu, dans ce cas. Il me tarde d'y goûter ! Ha ha ! répondit-il sans réaliser que Dee avait un rire coquin derrière sa main.

Enfin, Lothar constata qu'il avait sans doute fait un mauvais calcul lorsqu'il avait pensé avoir le temps de se reposer un peu. La cloche de l'académie retentit à nouveau et provoqua chez Lothar un bref sursaut. Il se leva d'un bond, tapant dans ses mains pour se motiver, et adressa un dernier sourire à Dee.
─ C'est l'heure ! Je dois me rendre au bureau des professeurs, débuta-t-il en se rapprochant de Dee pour se pencher vers lui afin de lui parler tout bas. Si jamais tu as de grosses difficultés avec tes facultés alors viens me voir. Je suis persuadé qu'on trouvera un moyen de débloquer tout ça. D'accord ?

Encore ces yeux remplis de vie. Encore ce ton affable. Il était même incongru d'imaginer qu'un tel être puisse avoir les pouvoirs et les connaissances d'un Dieu.

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